Une fois de plus
J’ai échoué
C’était bientôt la fin et il ne restait que quelques jours pour valider mon passage en deuxième année. Le bilan du précédent trimestre m’avait laissée un peu dans le flou, car j’avais progressé dans l’ensemble, mais je devais en faire davantage. Je misais tout sur ces examens finaux. Mais voilà… À mesure que les jours s’écoulaient et que les retours de mes professeurs s’enchaînaient, je voyais mes espoirs s’envoler, mes plans chamboulés et mon objectif m’échapper.
Pour vous remettre dans le contexte, je ne savais pas en intégrant l’école, qu’il était possible de refaire son année. Dans mon cursus scolaire et universitaire, ce n’était pas envisageable pour moi de redoubler, alors dites-vous que j’étais partie dans l’idée qu’il en serait de même ici, car la danse, ben, c’est mon truc quoi ! Je me disais que je ne pouvais pas être avantagée par mon background et refaire une année. Non seulement, je n’avais pas prévu le budget pour, mais en plus, le plan parfait était que je sorte de l’école diplômée à mes 30 ans.
Nouveau cycle, nouveau départ quoi !
Vous avez sûrement une idée de la tournure finale des événements vu le titre de cet article, n’est-ce pas ? En effet, comme vous vous en doutez, absolument rien ne s’était passé comme prévu.
Nous sommes à ma dernière semaine d’examen. Je pensais avoir réussi à encaisser chacun des retours qui m’avaient été faits un à un pour chacun des styles, mais mon cœur était lourd à l’idée de me dire que je fonçais droit vers l’un de mes plus gros échecs. Je sentais ma détermination m’abandonner épreuve après épreuve, me demandant si ça valait la peine de continuer à me battre, alors que la fin était évidente. J’étais découragée et j’avais baissé les bras. Puis, parlons franchement, j’avais également honte de moi. Honte, car je me disais que je n’étais pas si exceptionnelle que je le pensais. Honte de me dire que tous ceux qui avaient misé sur moi et qui avaient cru en moi s’étaient finalement trompés.
J’étais soit disant venue pleine de rêves et d’ambition, avec un objectif bien précis. J’avais cru, dans les recoins de mon ego, que je partais bien lotie ; que ça ne serait peut-être pas facile, mais que ça serait dans mes cordes, car j’avais déjà la danse, en plus du mental et de la maturité, pour y arriver. Bref. Le verdict final est tombé : REDOUBLEMENT.
À l’annonce de la nouvelle, j’ai ressenti le besoin d’être seule et de laisser ma peine décanter. J’ai pleuré ma tristesse, ma déception et ce que j’ai considéré comme étant ma défaite, tout en sachant que c’était la fin et que je ne pouvais rien y changer.
La mue
Bien que la semaine précédente nous avions eu les avis de chacun des profs à la fin de chaque examen et qu’il n’y avait plus aucun doute sur la suite de mon aventure, j’attendais patiemment dans le hall que nos chers délégués sortent de notre ultime conseil de classe. Les premiers mots que j’entendis furent qu’à l’unanimité, tous refusèrent mon passage en deuxième année. J’aurais pu littéralement fondre en larmes et laisser les mauvaises pensées m’envahir, comme cela a pu être le cas quelques jours plus tôt, mais j’ai senti comme une paix protéger mon cœur. C’était ok. C’était ok, car même si j’en avais déjà un peu conscience, en réalité, j’étais enfin en train d’accepter d’être en période de transition.
Depuis le début, j’ai voulu faire comme si rien ne s’était passé et que tout allait pour le mieux, sans prendre le temps de faire le deuil de cette version de moi qui n’était plus. J’avais entamé ce nouveau chemin en direction de cette personne que je voulais être, ce qui m’avait demandé de faire des choix douloureux avec son lot de sacrifices. J’avais dit au revoir à un poste dans lequel mon avenir et ma stabilité financière était assurés ; je disais adieu à mon compagnon et ami depuis 4 ans ; je m’étais installée dans la grande ville de Paris, laissant derrière moi mon doux Montpellier ; je devais vivre en communauté avec des personnes que je n’avais pas envie d’apprendre à connaître pour bien des raisons, sans parler du fait que je devais tout apprendre d’une culture qui me semblait différente de la mienne (j’ai eu tort), en plus des styles qui étaient dispensés à l’école. J’ai tant voulu garder la face que je ne me rappelle même pas d’une fois où j’ai demandé de l’aide pour apprendre, comprendre ou juste prendre du recul.
Je m’étais tellement mise la pression que mon corps avait emmagasiné toutes ces nouvelles données, sans avoir eu le temps de les digérer. Il avait pourtant tenté de me dire ce qu’il en était, mais j’ai tout fait pour étouffer ce que je ressentais, parce que je me devais d’atteindre mes objectifs.
En vous écrivant ces mots, je me rappelle de ces fois où certains de mes professeurs me disaient qu’ils ne comprenaient pas pourquoi malgré certaines facilités, dont la danse, j’étais souvent droite, le dos et la nuque tendue… Je me rends vraiment compte aujourd’hui que mon corps est réellement le miroir de ce qui se passe à l’intérieur de moi.
Tout cela pour dire que dès lors où j’ai compris et accepté cet état transitoire, ainsi que le fait que je n’étais pas invincible même dans une discipline qui me passionne, parler de redoublement est devenu une formalité. Je n’avais plus ce poids mental que je m’étais infligé.
« Redoubler, c’est avoir la chance de faire ce que tu aimes une année de plus”; c’est ce que l’une des amies les plus chères à mon cœur m’avait dit au moment même où je n’étais pas encore prête à l’entendre. Et pourtant, ces mots et ces conseils m’ont guidée vers cette étape d’acceptation.
Reculer pour mieux avancer
“Avoir la chance de faire ce que j’aime”
J’ai le souvenir de tous ces matins où je rendais grâce d’avoir l’opportunité de vivre mon plus grand rêve. Pourtant, j’avais laissé les doutes, la peur et les injonctions sociétales ombrager ce qui m’animait.
Nous subissons quotidiennement une pression sociale qui influence vraisemblablement notre perception du succès et de l’échec. Nous partons en quête de réussites immédiates, alimentant ainsi une vitrine de celles-ci, qui semble refléter notre position sociale.
Toutefois, cette vitrine édulcorée ne laisse pas place aux étapes moins glorieuses et séduisantes ainsi qu’aux luttes qui jalonnent notre parcours. Poussés par la peur de l’échec, nous en arrivons au point où nous nous identifions à nos accomplissements, négligeant le fait qu’échouer fait partie du processus d’apprentissage et de croissance personnelle.
Derrière chaque succès vient son lot de choix difficiles et de sacrifices, bien trop souvent invisibles aux yeux des autres. Occulter cette partie de la réalité, c’est créer une perception totalement faussée du succès, engendrant un sentiment d’incompréhension et d’inéquation chez ceux qui ne parviennent pas à atteindre ces standards idéalisés.
Il est essentiel de comprendre qu’à travers chaque échec se cache une opportunité de grandir. Plutôt que de considérer l’échec comme une défaite, nous pourrions le voir comme une occasion de renforcer notre détermination et de découvrir des ressources insoupçonnées en nous. Recommencer nous permet de gagner en précision et en expérience.
Loin d’être une perte de temps, recommencer après un échec nous aide à affirmer qui nous sommes par le biais de nos aspirations et nous permet de gagner en confiance. C’est aussi la preuve que notre chemin est unique et que chaque étape nous rapproche de nos véritables talents.
Il est normal de ressentir de la déception ainsi que toutes les émotions voisines lorsque l’on échoue. Toutefois, prendre conscience que ce n’est que l’annonce d’un nouveau départ mieux préparé, peut être une façon de prendre le recul nécessaire avant d’attaquer la prochaine étape. Ainsi, nos échecs pourraient constituer le socle solide sur lequel nous bâtirons notre avenir.
Si vous êtes à une étape de votre vie où vous avez le sentiment d’avoir échouer et que vous êtes découragés à l’idée de recommencer, puissent ces mots résonner en vous et ranimer la flamme qui vous passionne et vous guide.


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